Sauvegarde des variétés

Méthodologie

Le châtaignier présente une grande variabilité génétique. Depuis le début de la castanéiculture, les hommes ont sélectionné les variétés les plus intéressantes pour la production de fruits. Celles-ci constituent un patrimoine génétique et culturel qui tend à disparaître en même temps que ses gardiens. Ces faits nous mènent à une érosion génétique d’autant plus importante que les monocultures se développent en masse. Face à ce constat, il est nécessaire de prospecter, d’enquêter, de sauvegarder et de diffuser les variétés qui peuvent encore l’être.

La première phase de la conservation des variétés est d’en faire l’inventaire. Les propriétaires de châtaigneraies sont les principaux acteurs de cet inventaire : souvent gardiens des connaissances de leurs parents ou grands-parents, ils peuvent faire passer de précieuses informations nécessaires à la description et la connaissance des variétés.

La prospection est la recherche des propriétaires de variétés locales de châtaignier, pour déterminer :

  • La dénomination usuelle de la variété,
  • l’emplacement exact de l’arbre souche,
  • l’utilisation passée de ce châtaignier.

Une fois repéré, le châtaignier type fait l’objet d’une enquête préliminaire :

  • Localisation précise (exposition, altitude, coordonnées GPS),
  • Description des caractéristiques morphologiques de l’arbre, des fleurs, des feuilles et des fruits,
  • Approche ethnobotanique (utilisations…).

Critères de détermination

L’étude des caractères botaniques se réalise en fonction de critères précis, mis en place par l’UPOV (Union Internationale pour la Protection des Obtentions Végétales) et l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique).
Les travaux de caractérisation botanique sont menés avec les appuis du CTIFL (Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes), de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) de Bordeaux et de l’UTM (Université de Toulouse le Mirail – Groupe de recherche GEODE).

Il est très difficile de définir une variété, certaines caractéristiques étant très changeantes en fonction de la vigueur de l’arbre, de sa localisation (sud ou nord Aveyron, exposition, nature du sol…) et de l’année d’étude. C’est pourquoi, la variété est étudiée pendant trois années sur son site (étude in-situ).

L’étude botanique permet de décrire l’arbre (port et vigueur), les rameaux, les feuilles et les fleurs (chatons) en été, puis les fruits et les bogues en automne.

A la fin de chaque campagne d’étude, un rapport est publié par l’ACRC, consultable sur le site de la Croix Blanche, à Rignac (12).

Sauvegarde et études

Avant de s’investir dans la mise en situation de conservation, il faut trier les appellations constituant réellement une variété locale. Ce tri a pour but de repérer voire d’éliminer les doublons (variétés différentes sous un nom identique, ou variétés identiques sous des noms différents) et de reconnaître le caractère d’urgence à la sauvegarde de certaines variétés rares (arbre souche unique dépérissant).

• Conservation in-situ :
Cette technique consiste à protéger, entretenir ou rénover par élagage l’arbre souche à l’endroit où il se trouve. Cette méthode est indispensable dans un premier temps et permet le prélèvement d’échantillons et de greffons de qualité.

• Conservation ex-situ (en verger conservatoire) :
Cette alternative regroupe toutes les variétés à sauvegarder sur un site unique : le verger conservatoire. Elle permet :

  • d’assurer un bon suivi et entretien des arbres en un milieu unique;
  • d’étudier et de comparer les variétés (relevés des stades phénologiques, production, sensibilités aux maladies, etc.) dans un milieu homogène.

Verger conservatoire

Le verger conservatoire de Rignac (12) a été implanté sur un terrain mis à disposition par le Conseil Départemental de l’Aveyron. Planté en 1992, il a accueilli les premières greffes de variétés locales en 1996. Actuellement, l’espace réservé à la conservation occupe environ 4.5 ha où sont plantés près de 350 porte-greffes de quatre variétés différentes : Marigoule, Marsol, Maraval et Sativa. Chaque variété est greffée sur ces quatre porte-greffes.

En 2020, environ 80 variétés sur une centaine ecistante en Aveyron sont conservées sur le verger.