L'histoire du Châtaignier

Arrivée du châtaignier en Europe

Le châtaignier est connu depuis la plus haute antiquité, les grecs et les romains appréciaient déjà son fruit. Spontané en France avant la dernière période glacière (feuilles et pollens fossiles trouvés en Ardèche), il a nettement bénéficié dans son expansion de sa culture par l’homme.

Ainsi, la castanéiculture se développe avec la croissance démographique aux XVIe et XVIIe siècles. En Aveyron, la châtaigne constituait, avec le seigle, une des bases de l’alimentation du Ségala. Dès le XVIIe siècle au moins, on a constaté que le châtaignier livré à lui-même ne produit que peu de fruits. Il est alors cultivé, semé, planté et greffé.

Le déclin

En France, les premiers symptômes du déclin se manifestent au XVIIIe siècle, à l’exception du Rouergue et de la Corse qui ne sont touchés qu’au début du XXe siècle. Plusieurs causes peuvent être énumérées :

La déprise humaine

L’exode rural concernait principalement les paysans les plus défavorisés, c’est-à-dire ceux qui étaient le plus liés au châtaignier : en Aveyron, la châtaigne a sauvé de la famine bien des habitants misérables pendant les périodes de disette. L’exode rural se prononce nettement après les deux guerres mondiales.

La révolution agricole

L’introduction de la pomme de terre qui se répand à partir du XIXe siècle et les améliorations des techniques de culture et de fertilisation (chaulage) grâce à la révolution industrielle (mécanisation, voie ferrée).

La production de tanins

Au XIXe siècle, les industries des extraits du tan se développent considérablement grâce à une nouvelle technique d’utilisation. Les usines s’approvisionnent dans leurs environs immédiats en abattant les châtaigniers, riches en tanins. En Aveyron, il existait quatre usines de production de tanin.

Les maladies

L’arrivée de maladies spécifiques au châtaignier au cours du XXe siècle face auxquelles nombre de castanéiculteurs baissent les bras (encre et chancre).

La consommation

La chute de la consommation de châtaignes et la baisse des cours.

Les conséquences

L’abandon des châtaigneraies traditionnelles entraîne une perte de ce patrimoine génétique et culturel. Aujourd’hui, la plupart des châtaigneraies sont plantées avec des variétés dites modernes (hybrides), plus résistantes aux maladies et avec une mise à fruit plus rapide. On assiste à une homogénéisation de la culture du châtaignier qui accentue l’érosion génétique. Pourtant, les variétés locales ont de multiples intérêts : intérêt gustatif, adaptation au terroir, diversité des productions, intérêt génétique.

Utilisations

« Cet arbre est très utile à l’habitant de l’Aveyron : son fruit le nourrit une partie de l’année ; son bois sert à faire les échalas des vignes, les cercles de futailles et les courbes de bateaux ; ses bogues lui donnent du fumier pour les terres ; ses feuilles après l’avoir couvert de leur ombre lui servent ensuite à faire son lit ; enfin, ce bel arbre est en même temps la parure et la ressource de la contrée » .

Tout peut être utilisé dans le châtaignier : les feuilles pour la litière, les jeunes pousses pour la vannerie, les pousses plus âgées pour la fabrication de piquets, de parquet ou de bardeaux, et les troncs pour la charpente, la menuiserie ou l’ébénisterie.
Les bogues peuvent être compostées, elles sont très riches en potasse.

La châtaigne peut être consommée de façons très variées : cuite à l’eau, au lait ou grillée. On peut aussi la transformer en confiture (crème de marrons), en purée, en marrons glacés, etc. De nouveaux conditionnements se développent comme les marrons sous vide. Dans certaines régions, la farine de châtaigne refait son apparition.
Enfin, la châtaigne entre également dans la composition de sirops, liqueurs et bières (Corse, Ardèche ou Cantal).